LORS D’UNE RÉUNION DE L’EUROGROUPE CE VENDREDI, LA ZONE EURO S’EST INQUIÉTÉE DU RETARD PRIS PAR LA GRÈCE DANS SES NÉGOCIATIONS AVEC SES CRÉANCIERS. ALORS QUE LES CAISSES DE L’ETAT SONT QUASIMENT VIDES, ELLE A SOMMÉ LE PAYS « D’ACCÉLÉRER ». MAIS LE PIRE N’EST PLUS CERTAIN.

 Dès lors, c’est l’un des pères du « Grexit », l’économiste de Citigroup, Ebrahim Rahbari, qui a proposé jeudi sur le plateau de Bloomberg une mise à jour de son dictionnaire financier. Fini le « Greccident » ou le « Grexit » donc, place désormais au « Grimbo » (Grece-limbo), une contraction qui signifie qu’Athènes pourrait éviter une sortie immédiate de la zone euro, même si elle ne trouvait pas d’accord avec ses partenaires européens d’ici la fin avril. Le salut viendrait de l’instauration d’un contrôle des capitaux qui donnerait à la Grèce le temps nécessaire pour revenir à la table des négociations pour y conclure in fine un accord – qu’il s’agisse du gouvernement Tsipras… ou son successeur.

Le « Grimbo » est aussi un scénario évoqué au cas où les Grecs trouvent finalement un accord, mais que celui-ci s’avère inefficace et ne parvient pas à éviter un défaut de paiement du pays. Là encore l’instauration de mesures de contrôle des capitaux permettrait d’éviter une sortie de l’euro zone. Dans tous les scénarios envisagés par Citigroup, Athènes va courber l’échine, mais devrait passer le cap.

« Le temps presse »

Ce vendredi, le patron de l’Eurogroupe et le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, ont eu « une discussion très difficile » a reconnu Jeroen Dijsselbloem à l’issue d’une réunion de la zone euro qui se tenait exceptionnellement à Riga. « Ces discussions très difficiles reflètent le grand sentiment d’urgence. Mais nous sommes tous conscients que le temps presse », a expliqué Dijsselbloem.

Initialement, la réunion était censée sceller un accord entre Athènes et ses créanciers permettant de remettre sous perfusion financière le pays, privé de fonds depuis août. En jeu, le versement d’une tranche vitale de 7,2 milliards d’euros bouclant les quelque 240 milliards déjà prêtés au pays depuis 2010.

Si des progrès ont certes été enregistrés ces dernières semaines selon plusieurs responsables de la zone euro, les différences de vue restent trop importantes sur les réformes que le gouvernement de gauche radicale s’est engagé à faire avaliser par ses créanciers. « Il y a encore des gros, gros problèmes », a affirmé le patron de l’Eurogroupe qui ne laisse rien passer aux Grecs.

Le spectre de juin

« Nous sommes tous d’accord qu’il faut accélérer » le processus, a répliqué le ministre grec lors d’une conférence de presse séparée, alors que la Grèce doit s’acquitter le 12 mai d’un remboursement de quelque 950 millions d’euros au FMI, avant de devoir verser salaires des fonctionnaires et retraites à la fin du mois. « Comme Européens, nous n’avons pas le droit de ne pas arriver à un accord », a-t-il insisté.

En amont de la réunion, Yanis Varoufakis s’était exprimé sur son blog et avait jugé que les désaccords n’étaient « pas insurmontables ». « Notre gouvernement est prêt à rationaliser le système de retraites« , par exemple en limitant les pré-retraites et « à mener des privatisations partielles » pour un montant de 1,5 milliard d’euros en 2015. Ça tombe bien, Athènes vient justement d’annoncer sa première opération en la matière: les paris hippiques.

Mais les discussions butent sur des sujets plus sensibles pour Syriza comme le relèvement de certains taux préférentiels de TVA, et la dérégulation du marché du travail, érigés en « lignes rouges » par Athènes.

Si le prochain Eurogroupe est prévu le 11 mai à Bruxelles, désormais, « le moment crucial, c’est fin juin », quand le deuxième programme d’assistance financière pour la Grèce prendra fin, a souligné à l’AFP le ministre français des Finances, Michel Sapin. Sans oublier la question de l’après-30 juin au vu de l’incapacité du pays à revenir sur les marchés dans l’immédiat. « Il faut en parler », a affirmé le patron de la zone euro, « mais il est très difficile de parler de l’avenir si on n’arrive pas à passer » cette première étape.