Deux grandes banques se partagent près de 70% du marché en Israël.Le futur ministre des Finances veut favoriser l’entrée de nouveaux acteurs.

Après avoir réussi à restructurer le marché des télécoms israéliens voilà trois ans, un « big bang » qui a permis au consommateur de diviser par deux à trois sa facture de mobile, Moshé Kahlon parviendra-t-il à réformer le secteur bancaire ? Une chose est sûre : l’homme à qui le Premier ministre Benyamin Netanyahu a promis le portefeuille des Finances, au lendemain des législatives du 17 mars, se fait un point d’honneur à s’attaquer au coût de la vie, en renforçant la concurrence entre les banques.

Dans un pays où deux grandes banques, Hapoalim et Leumi, se partagent près de 70% du marché, Moshé Kahlon, leader du nouveau parti centriste Koulanou, n’est pas le premier à vouloir s’attaquer à ce quasi duopole. En 2006, Israël avait mis en place une importante réforme du marché des capitaux, connue sous le nom de « réforme Bachar », obligeant les banques à vendre les avoirs qu’elles détenaient dans des fonds communs de placements et de prévoyance, pour réduire la concentration du secteur.

Cinq plus tard, dans la foulée du mouvement de contestation sociale contre la vie chère, une commission interministérielle a été chargée de formuler des recommandations visant à accroître la concurrence et à simplifier les produits bancaires. Mais les frais bancaires, jugés excessifs, ont à peine diminué.

Acteurs étrangers

Moshé Kahlon pousse donc à prendre des mesures drastiques. L’ex-ministre des Télécommunications entend ainsi proposer une loi pour séparer l’activité bancaire de celle de cartes de crédit. Il compte par ailleurs obliger les groupes bancaires à céder leurs participations dans des établissements de moindre taille. Et souhaite, enfin, ouvrir le marché de la banque de dépôt à de nouveaux acteurs, y compris étrangers, comme les banques sur Internet.

Seulement voilà, les obstacles ne manquent pas. La Banque d’Israël a fait savoir dans le passé qu’elle s’opposait à l’idée que les banques cèdent leurs sociétés de cartes de crédit, arguant que ce changement ne ferait que déplacer le problème. De plus, le pari de faire venir des acteurs étrangers n’a rien d’évident. « Israël est un très petit marché pour une banque étrangère. Mais si l’on facilite l’activité de banque en ligne, cela pourrait créer de la compétition dans la banque de détail », observe la consultante Nelly Assouline, qui a codirigé Dexia et BNP Israël.

Plusieurs observateurs font du reste valoir que le secteur bancaire est beaucoup plus difficile à réformer que celui des télécoms. En 2012, sous la houlette de Moshé Kahlon, le marché du mobile s’était ouvert à deux nouveaux opérateurs : Hot, contrôlé par Patrick Drahi, et Golan Telecom, fondé par Michael Golan avec le soutien de Xavier Niel. Un exploit que Kahlon rêve donc de rééditer en s’attaquant à d’autres monopoles.