Le Luxembourg, hub d’affaires italien
Pierre Gramegna et quelque 120 représentants du secteur financier luxembourgeois, se sont récemment déplacés à Milan, dans le cadre d’une mission financière organisée par Luxembourg For Finance (LFF).
Sur place, le ministre des Finances «s’est entretenu avec des hauts dirigeants des principaux groupes financiers présents au Luxembourg,» selon son service de presse.
Siège de la Bourse italienne, la capitale lombarde abrite le premier centre bancaire du pays et compte un secteur FinTech dynamique. Le déplacement luxembourgeois avait pour objectif de renforcer les liens financiers déjà existants entre les deux pays.
Intermédiaire italo-chinois
Une récente étude de Deloitte pointe cependant l’aversion des Italiens pour l’épargne et l’investissement: «Actuellement, un tiers du revenu des Italiens est déposé sur un compte en banque, sans être investi,» indiquent ses auteurs. «La raison principale est indubitablement le manque de confiance, pour 60 % des Italiens, dans le marché financier, ainsi que l’incertitude économique».
Autre caractéristique de «l’investisseur italien typique», selon le document, «le faible niveau de connaissance financière»; le texte cite une enquête de l’OCDE notant que les Italiens sont «largement inconscients des bénéfices procurés par une diversification de portefeuille».
Aussi, les clients institutionnels (des assureurs et des fonds de pensions majoritairement) représentaient en 2016 65 % du volume d’actifs sous gestion en Italie; ces derniers se répartissant quasi également entre les fonds d’investissements et les mandats discrétionnaires.
Autre illustration de la stratégie d’investissement des particuliers, dans la péninsule, le volume d’actifs gérés par les fonds de pension: ceux-ci «représentent 10 % du PIB du pays, loin derrière la Finlande, le Royaume-Uni ou la Suisse, évalués à entre 80 et 120 %, ou encore des Pays-Bas (200 % du PIB)», observe l’étude de Deloitte.
C’est toute cette expertise internationale et multi-juridictionnelle que les Italiens viennent chercher au Luxembourg.
Nicolas Mackel
Malgré les chiffres, le secteur financier italien est loin d’être négligeable, pour le Luxembourg: 59 sociétés d’assurances et cinq banques italiennes y sont domiciliées, ainsi qu’une cinquantaine de fonds d’investissements, qui représentent 8 % de l’activité de la branche au Grand-Duché.
«Ces fonds effectuent tous leurs investissements en Chine via le Luxembourg. C’est toute cette expertise internationale et multi-juridictionnelle que les Italiens viennent chercher au Luxembourg,» précise Nicolas Mackel, CEO de LFF, également du voyage à Milan début décembre.
Pour le métier de banque privée également: «On voit très clairement que ce sont des gens qui ont des intérêts dans plusieurs pays,» poursuit ce dernier. «C’est là que notre place financière intervient à la fois comme atelier et centre de compétences, afin de permettre aux groupes italiens de servir leur clientèle et de croître sur leurs marchés et dans les juridictions dans lesquelles ils sont actifs».
Hub d’affaires
Les banquiers et financiers italiens ne sont pas les seuls à utiliser le hub luxembourgeois pour leurs activités internationales; les sociétés et groupes des autres secteurs, industriels et des services notamment, y recourent également.
Aussi, pour assurer la promotion du pays auprès de ces derniers, la Chambre de commerce italo-luxembourgeoise (CCIL) se rend régulièrement en missions outre-alpines. Début décembre dernier, celle-ci a donc fait étape à Trieste, avant de se rendre à Ljubljana (Slovénie), emmenant avec elle des acteurs des secteurs des TIC, de l’éco-innovation, de l’alimentation, du transport, de la logistique, ou encore des biotechnologies, pour des visites et des rencontres d’affaires, avec à la clé des contrats potentiels, ou bien la création d’une filiale, voire le transfert d’un siège social de grand groupe au Grand-Duché.
Pour son président, Fabio Morvilli, la qualité de vie, la sécurité, les infrastructures sociales, scolaires et sportives sont certes des arguments pour faire venir les entrepreneurs italiens, leurs familles et salariés au Luxembourg.
Le pays offre aussi de nombreuses opportunités d’affaires. «Il est situé au centre de l’Europe. De là, on touche presque tous les États européens en environ deux heures,» précise-t-il. «L’Europe est en effet un marché interne. Si le marché italien devient saturé pour elles, les PME se tournent en général vers l’UE, et choisissent de faire du Grand-Duché la plaque tournante de leurs activités internationales».
Quelque 500 sociétés italiennes, parmi elles des grands groupes alimentaires ou industriels, ont déjà pris pied au Luxembourg. Ferrero, certainement le plus connu d’entre eux, y a son siège global, d’où il opère ses activités marketing (à travers Soremartec, 245 salariés), de recherche et de gestion du personnel, au niveau mondial.
Autre acteur transalpin de poids présent au Grand-Duché: Guala Closures Group, spécialisé dans la fabrication des capsules et bouchons de bouteilles, qui a son principal centre de développement et d’innovation à Foetz, et dont le président a même décidé de venir s’installer avec sa famille, précise Fabio Morvilli.
Egalement à Foetz, Mondo (104 salariés) – le producteur de jouets, de ballons de sports et de revêtements de sols sportifs, pour hôpitaux et écoles – y possède un site de production.
Toujours dans le Sud luxembourgeois, le fabricant et exportateur de produits ménagers plastiques et mobiliers Tontarelli (144 salariés) opère une unité de production à Bascharage, depuis 2006.
Mariage logistique
Dans le bâtiment et les travaux publics également, le groupe Rizzani de Eccher, spécialisé dans la gestion et les équipements de construction, est lui présent à Kehlen avec une trentaine de salariés.
Sans surprise donc, l’Italie est le 6ème partenaire commercial du Grand-Duché, tant en termes d’importations que d’exportations, avec une balance extérieure excédentaire de 10,5 millions d’euros favorable au second.
Pour Fabio Morvilli, les échanges commerciaux futurs devraient s’accroître entre les deux pays. D’autant que selon lui, les entreprises et les régions transalpines sont très intéressées par le hub multimodal logistique de Bettembourg, par lequel transitent des centaines de trains italiens chaque année. Au point que les autorités portuaires de Trieste envisagent même un échange d’actionnariat, avec ce dernier.
Source : wort.lu
« Qui l’eût cru !? Cela semble être une évidence pour la plupart des banques. Le Luxembourg apparaît comme une référence incontournable pour développer en Europe comme à l’International.
Comme si cela ne suffisait pas, de nombreuses missions continuent de promouvoir les compétences Luxembourgeoises. Loin de rester camper sur ses certitudes, la promotion du Luxembourg reste active et efficace.
A titre d’exemple, même si cela implique beaucoup de pédagogie, le Luxembourg s’implique sur les marchés potentiellement porteurs comme l’Italie.
Nul doute que le Luxembourg a encore de très beaux jours à venir. » Antoine Aliotti