Au premier trimestre, le géant Sberbank a vu son bénéfice chuter de moitié. Et VTB a plongé dans le rouge. Trois nouvelles banques de taille moyenne ont fait faillite.
« Ca va repartir ! » Lors des cérémonies du 9 mai sur la Place rouge, pour célébrer le soixante-dixième anniversaire de la fin de la guerre, Herman Gref et Andreï Kostine ont tous deux confié aux Echos leur optimisme. Invités avec tout le gratin d’affaires dans les tribunes du Kremlin, les patrons de Sberbank et VTB, les deux principales banques russes , affichaient un large sourire, symbolique du vent favorable que veulent souffler ces dernières semaines les autorités russes. Mais les faits les ont depuis ramenés à la réalité de la crise. Lundi, la banque centrale de Russie a annoncé la fermeture de trois banques moyennes. Il s’agit en l’occurrence de Metrobank, classée 248e sur 802 dans le secteur bancaire russe, OPM-Bank (257e) et Sibneftebank (446e). Plus grave, le PIB du pays a chuté de 4,3% en avril sur un an. Pour leur part, les deux géants bancaires ont publié d’alarmants résultats financiers.
VTB a d’abord annoncé plonger dans le rouge au premier trimestre. La banque publique, deuxième établissement du pays, a enregistré 18,3 milliards de roubles (326 millions d’euros) de perte nette. Loin du bénéfice de 400 millions de roubles du premier trimestre 2014, déjà en forte baisse. L’an passé, au quatrième trimestre, VTB avait enregistré ses premières pertes depuis 2009 à cause de l’effondrement du rouble et de la forte hausse des taux d’intérêt. Le géant Sberbank, lui, reste certes dans le vert. Mais la banque publique vient de publier un bénéfice net en chute libre, divisé par deux sur un an au premier trimestre : 30,6 milliards de roubles (545 millions d’euros). Nombre de ses activités sont au ralenti, les revenus tirés des intérêts de crédit ayant à eux seuls baissé de plus de 16%.
Retards sur les remboursements
La récession s’aggravant, elle entraîne les banques dans le déclin. VTB et Sberbank ont ainsi dû accroître leurs provisions face à la forte dégradation de la qualité des créances. Sberbank a passé dans ses comptes 115 milliards de roubles (2 milliards d’euros) de provisions au premier trimestre. Car la chute du pouvoir d’achat a provoqué des retards massifs sur les remboursements. Les indicateurs globaux n’invitent guère à l’optimisme : les salaires réels moyens ont chuté de 13% en avril sur un an et plus de cinq millions de Russes ne remboursent plus leurs crédits. Ces indicateurs révèlent un malaise profond dont les banques, en bout de chaîne, paient le prix.
La hausse de taux a par ailleurs alimenté celle des intérêts versés pour les dépôts. Les taux des crédits ont aussi augmenté mais, la machine à investissements étant grippée par la crise, cette activité est désormais presque non-existante. Offrant une bouffée d’oxygène, la banque centrale, qui avait dû relever en décembre son taux directeur de 6,5% à 17%, l’a certes depuis baissé à 12,5%. Mais ce coup de pouce ne suffit pas à relancer les investissements et donc les crédits. D’où, parallèlement, la chute des recettes dans les comptes de Sberbank et VTB.