Le régulateur s’inquiète des conséquences des taux bas sur les banques. Deutsche Bank pourrait fermer 250 agences sur 700.

Les banques allemandes traversent une crise existentielle. Deutsche Bank réfléchit à séparer ses activités de détail de sa banque d’investissement. Les Caisses d’épargne régionales redoutent une traversée du désert du fait de la période des taux bas qui s’annonce durable. Les banques mutualistes ajoutent à cela le poids de la nouvelle régulation. Aucun des piliers du paysage bancaire allemand n’échappe en ce moment à une remise en question.

La rentabilité de la banque de détail se pose d’autant plus fortement que la digitalisation en cours bouscule le modèle bancaire assis sur un réseau dense d’agences. Selon la presse, Deutsche Bank pourrait fermer 250 agences sur 700, en ayant constaté que les clients règlent la majorité de leurs affaires sur Internet. Chez les 1.400 banques mutualistes, 300 agences ont fermé l’an dernier, sur 12.770, et le mouvement va se poursuivre.

Mais quelle que soit l’organisation choisie, c’est la faiblesse extrême des taux d’intérêt qui préoccupe en premier lieu le régulateur allemand, la BaFin. Son nouveau président, Felix Hufeld, évite de vouloir semer la panique : « Nous ne voyons pas à court et moyen termes de danger aigu pour la stabilité financière. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas des problèmes dans des cas isolés », a-t-il déclaré au « Handelsblatt ». La BaFin estime donc que les banques traditionnelles doivent en priorité s’attaquer à leurs coûts.

« La faiblesse relative des recettes des banques allemandes par rapport à leurs homologues étrangères s’observe depuis des années », souligne Carola Schuler, analyste chez Moody’s, qui ajoute : « Les produits d’intérêts, qui forment le bloc principal, tendent à s’amoindrir, tandis que les commissions restent faibles. » Les Caisses d’épargne voient leurs marges fondre au fur et à mesure que les anciens portefeuilles de crédits sont remplacés par de nouveaux moins rémunérés, en même temps que l’excédent des dépôts sur les crédits distribués est placé à un très faible rendement. Les commissions sont faibles car les citoyens refusent de payer pour un conseil bancaire, et les entreprises très solides sont en position de force pour négocier avec leurs banques.

Parallèlement s’exerce la pression de la concurrence étrangère sur un marché atomisé. BNP Paribas et Société Générale tissent leur toile, le germano-néerlandais ING Diba prospère avec une offre 100 % en ligne, et Targo Bank, propriété du Crédit Mutuel, investit dans l’informatique et dans l’ouverture d’autres agences.