La technologie dite des registres distribués (DLT), dont l’exemple le plus connu est la blockchain, représenterait déjà 750 entreprises et plus de 3300 emplois, selon Avenir Suisse. Ce nouveau domaine d’activité pourrait renforcer le marché suisse des capitaux, optimiser le commerce international et soutenir la gestion de fortune, selon une étude.
La place financière suisse a fondu d’un tiers en dix ans, en termes de valeur ajoutée (part au PIB). Pour mieux se relancer, elle devrait considérer la technologie des registres distribués, dont l’exemple le plus connu est la blockchain, non pas comme une menace mais comme une opportunité, «une occasion unique de s’affranchir des vieux schémas de pensée», indique «Après la frénésie de la blockchain», une nouvelle étude d’Avenir Suisseréalisée par Jennifer Anthamatten et Pascal Lago et présentée ce mardi à la presse.
Déjà 3% de la place financière
La place suisse «a pris du retard sur la concurrence asiatique dans de nombreux domaines de la numérisation». La technologie des registres distribués (Distributed Ledger Technology, ou DLT) pourrait améliorer la situation dans la gestion de fortune, le marché des capitaux et le financement du commerce international, avancent les auteurs. Le système DLT est un registre dans lequel sont consignées des transactions et d’autres données qui ne sont pas stockées sur un serveur central, mais distribuées dans un réseau de registres distribués. Cette technologie «instaure la confiance sur une base technique». Elle permet de «réaliser l’authentification et la validation (d’une transaction) pour une fraction du coût lié à la présence d’intermédiaires», note l’étude.
En Suisse, les entreprises spécialisées dans la DLT sont au nombre de 750 et le nombre d’emplois créés dépasse 3300, ce qui représente 3% du total des services financiers. Elles ont contribué aux deux tiers de la croissance de la Fintech, révèlent les chercheurs.
Le financement du commerce international a tout à gagner de la blockchain: la conclusion d’une transaction implique jusqu’à 20 acteurs, 10 à 20 documents et environ 5000 opérations sur les données. La nouvelle technologie permettrait de rendre les documents consultables par tous les participants à tout moment, en réduisant la marge d’erreur et sans grand effort administratif, selon les auteurs.
Renforcer le marché des capitaux
Le marché des capitaux pourrait être renforcé en en améliorant l’accès et en développant une infrastructure DLT afin d’attirer davantage d’émetteurs internationaux. La Suisse pourrait être pionnière dans le négoce de titres tokénisés grâce aux économies de coûts réalisés par la DLT, précise l’étude. Les tokens sont des actifs numériques émis et échangeables sur une blockchain qui sont au centre du modèle des levées de fonds par cryptomonnaies (ICO).
Dans la gestion de fortune, de nouveaux modèles économiques et de nouveaux segments de clientèle s’ouvrent aux acteurs de la place, par exemple dans la conservation des clés privées, qui servent d’accès à chaque système DLT, selon Avenir Suisse. Les débuts sont encourageants, mais la Suisse devrait passer à l’étape suivante. Il s’agit de maîtriser le passage de la «Crypto Valley» à la «nation DLT», avance le laboratoire d’idées.
Pour y parvenir, la Suisse doit adapter sa réglementation en cherchant l’équilibre entre la sécurité juridique et la flexibilité. Les lois ne doivent être adaptés que lorsque le cadre juridique actuel n’est pas compatible avec le fonctionnement de la technologie DLT, selon les auteurs de l’étude. La Finma devrait aussi utiliser le potentiel de la numérisation des réglementations (Regtech) en fournissant une réglementation lisible par une machine.
Le développement par la BNS et les principaux acteurs de l’économie d’un jeton couvert en francs suisses serait bénéfique pour le négoce de titres tokénisés, selon l’étude. Il a également besoin de modernisation des interfaces entre le secteur public et le secteur privé, par exemple avec le registre foncier. Enfin, le marché du travail doit rester ouvert et attrayant pour les professionnels étrangers.
Source : letemps.ch