L’échec du projet de fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank pourrait aiguiser l’appétit d’autres établissements financiers européens désireux de se renforcer dans la première économie de la zone euro. UniCredit et ING ont déjà été cités comme des possibles candidats au rachat. Sans oublier les banques françaises.
L’échec du projet de fusion entre Deutsche Bank et Commerzbank rouvre le bal des prétendants au rachat de cette dernière. Avant même l’annonce de la fin des négociations entre les deux groupes ce jeudi, la presse s’était fait l’écho de l’intérêt de plusieurs prêteurs européens pour l’établissement dirigé par Martin Zielke.
Valorisée plus de 9,5 milliards d’euros aujourd’hui en Bourse, la deuxième banque allemande, pourrait apparaître comme une cible accessible en termes de prix pour les institutions financières désireuses de pousser leurs pions dans la première économie de la zone euro et notamment de séduire ses entreprises.
A condition d’accepter de se frotter à la classe politique allemande, car l’Etat, principal actionnaire de Commerzbank, possède 15 % du capital. Autre obstacle à franchir, la réglementation bancaire qui complique la gestion du capital et des liquidités par-delà les frontières.
· UniCredit est déjà en embuscade
La banque italienne dirigée par le Français Jean-Pierre Mustier , serait prête à sortir du bois. Au début du mois d’avril, des sources confirmaient en effet qu’elle pourrait passer à l’offensive le jour où Deutsche Bank et Commerzbank mettraient fin à leurs pourparlers. Le plan d’UniCredit serait de prendre une part significative du capital de Commerzbank et de mettre en place une fusion avec HypoVereinsbank, une banque qu’elle possède déjà outre-Rhin. L’entité combinée serait basée en Allemagne, même si la banque italienne resterait basée et cotée à la Bourse de Milan. La perspective d’un rapprochement avec un acteur du secteur bancaire italien, réputé fragile, pourrait cependant faire froncer les sourcils en Allemagne.
· Les banques françaises ont les yeux rivés outre-Rhin
Les banques françaises, en bonne santé en Europe, regardent aussi du côté de l’Allemagne. Ces derniers mois, des rumeurs prêtant à BNP Paribas un intérêt prononcé pour Commerzbank ont refait surface. La banque de la rue d’Antin cherche à se renforcer outre-Rhin où elle est sous-dimensionnée. Crédit Agricole et Société Générale – laquelle a mis la main sur les activités de marchés de Commerzbank l’an dernier – pourraient aussi y voir un intérêt stratégique. Un rapprochement avec Commerzbank offrirait à ces trois établissements un accès inédit aux PME et ETI allemandes. « Commerzbank a une base de clients de banque de financement et d’investissement (BFI) importante mais ne parvient pas à servir tous leurs besoins, les banques françaises pourraient combiner leurs produits sophistiqués et cette base de client », fait valoir Jérôme Legras, directeur de la recherche pour la société de gestion Axiom AI.
· Le néerlandais ING aux aguets
Selon la presse allemande, ING aurait approché la direction de Commerzbank et le gouvernement allemand pour les convaincre d’ouvrir des discussions. Le patron du prêteur au logo jaune aurait rejeté ces avances sans couper tout contact pour autant. Pour séduire, le patron de la banque néerlandaise, Ralph Hamers, aurait promis des suppressions d’emplois moins lourdes que celles attendues dans le cadre d’un mariage entre Deutsche Bank et Commerzbank. Le dirigeant de l’établissement déjà bien implanté en Allemagne aurait même offert la perspective de déménager le siège d’ING, situé à Amsterdam, à Francfort, fief de Commerzbank. ING ne serait pas le dernier des candidats potentiels à une reprise de Commerzbank. Le nom de la banque espagnole, Santander, poids lourd du secteur dans la zone euro est aussi régulièrement cité.
Source : lesechos.fr