MPS a peiné lundi à lancer son augmentation de capital de 3 milliards d’euros. Le Président de la BCE estime que l’opération ne suffira pas à régler les «problèmes structurels » de la banque.
L’incertitude règne sur l’« après Profumo», le président de MPS (photo). Face aux doutes sérieux sur le maintien de son indépendance, la banque pourrait faire l’objet d’une offre d’acquisition avant la clôture de son augmentation de capital. – Luigi Mistrulli/ROPI-REA
L’opération de renflouement de MPS est dans la tourmente. Un an seulement après avoir lancé une augmentation de capital de 5 milliards d’euros, la plus vieille banque du monde, Monte dei Paschi di Siena (MPS) , a tenté de lancer lundi son nouvel appel au marché de 3 milliards d’euros dans un climat de forte volatilité. Sans parvenir à fixer un prix : le titre n’a pas réussi à être coté, en raison du fort décalage entre la hausse théorique de l’action (+11 %) et une chute de 18% du droit de souscription.
Pour le président de MPS, Alessandro Profumo, compte tenu de «problèmes techniques» déjà rencontrés lors de la dernière augmentation de capital en 2014, il est encore trop tôt pour «exprimer un jugement sur l’opération». Mais le climat de lancement a été aggravé par la révélation par Bloomberg, d’une lettre du Président de la Banque Centrale européenne (BCE), Mario Draghi, datée du 12 mai (en annexe à la documentation de l’offre), où il estime que «l’augmentation de capital en soi ne sera pas suffisante pour affronter les problèmes structurels de la banque». Il ajoute que MPS doit fournir «une solution permanente à ses problèmes structurels, à savoir son exposition aux crédits non performants, la faiblesse de son capital et ses résultats sous-performants ».
« Aléas techniques » de l’opération
Ironie du sort : contrainte et forcée par la Banque centrale européenne (BCE) , l’augmentation de capital doit permettre au quatrième groupe bancaire italien de combler son déficit en fonds propres. C’est aussi un préalable indispensable à une opération de consolidation ardemment souhaitée par la Banque d’Italie. A la veille de son lancement, la Consob (Commission des opérations de Bourse) n’a pas caché les « aléas techniques » de l’opération qui comporte un effet dilutif massif de 91 % pour les actionnaires qui renonceront à y souscrire. Selon les modalités annoncées le 21 mai, MPS doit émettre 2,55 milliards de nouvelles actions au prix de 1,17 euro chacune, soit une décote de 38,9 % par rapport au prix théorique (hors droits de souscription). Mais après avoir perdu 15 % de sa valeur en quatre séances, MPS affiche une capitalisation boursière de 2,9 milliards d’euros, inférieure au montant de l’appel au marché.
Quel « Après Profumo » ?
Le groupe doit encore obtenir le feu vert de la Commission de Bruxelles à son nouveau plan stratégique, qui a reporté d’un an (de 2017 à 2018) son objectif de résultat net de 880 millions d’euros (contre une perte de 5,3 milliards en 2014 ). « Bien que la banque appelle de ses vœux une approche coopérative de la Commission, il n’y a pas de garantie que celle-ci approuve les nouveaux objectifs du plan de restructuration », souligne le prospectus.
Parmi ses actionnaires, AXA (à 3,17 %) et Fintech Advisory (4,5 %) se sont déjà engagés à souscrire à l’augmentation de capital. La Fondation MPS (1,5 %) les a rejoints lundi après clôture. Mais l’incertitude règne sur l’« après Profumo». Face aux doutes sérieux sur le maintien de son indépendance, MPS pourrait faire l’objet d’une offre d’acquisition avant la clôture de son augmentation de capital. La banque populaire UBI est aujourd’hui considérée comme le repreneur potentiel le plus sérieux .
Le Trésor étudie une « bad bank » sur une base volontaire
Face à la nouvelle hausse du volume des crédits bancaires à risque (190 milliards d’euros en mars selon le bulletin mensuel de l’ABI), le Trésor italien continue à étudier un véhicule de défaisance pour alléger les bilans bancaires. A l’issue des dernières discussions avec la Commission de Bruxelles, le Trésor a, toutefois, fait savoir qu’il ne pourra s’agir que d’un « système volontaire » réservé aux banques « solvables » en vue de faciliter la formation d’un marché des créances douteuses. Le Trésor étudie une méthodologie pour fixer les prix d’acquisition des actifs, la Banque d’Italie ayant évoqué un objectif d’achat d’actifs de 100 milliards d’euros. La banque centrale a confié un mandat au Boston Consulting Group (BCG) pour mettre au point un plan de gestion des créances bancaires à risque.