Le gendarme financier suisse, la FINMA, a accordé deux licences bancaires à SEBA et Sygnum pour transférer des tokens. Mais seuls les « virements » entre clients de chaque acteur seront autorisés.
Le front des régulateurs bancaires européens face au cryptomonnaies se brise. En pleine campagne pour doter la Suisse du statut de « crypto nation », l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) vient d’accorder les premières licences bancaires à deux acteurs, SEBA et Sygnum. Un contre-pied aux critiques de ses pairs du Vieux continent.
Installé à Zug, soutenu par d’ex-banquiers d’UBS et associé à la banque privée Julius Baer, SEBA prévoit un lancement de son service dès octobre. Quant au zurichois Sygnum, épaulé par un ancien de la Banque nationale suisse, Philipp Hildebrand, ainsi que l’ex-directeur général d’UBS, Peter Wuffli, il s’est associé à une série de partenaires, dont l’opérateur télécoms Swisscom et Deutsche Börse. A elles deux, les « crypto-banques » pourront désormais stocker et gérer des bitcoins, des ethers et convertir des francs suisses, des euros ou des dollars dans les deux cryptomonnaies.
« L’anonymat de la blockchain présente des risques accrus »
Affectée par les scandales de blanchiment, la terre d’élection du secret bancaire a néanmoins posé des garde-fous aux deux nouveaux élus. La FINMA reconnaît le potentiel d’innovation des nouvelles technologies pour l’industrie financière, dit-elle. « Cependant, les modèles économiques fondés sur la blockchain ne peuvent pas être autorisés à contourner le cadre réglementaire actuel, ajoute l’institution. Cela s’applique en particulier aux règles de lutte anti-blanchiment et de financement du terrorisme, où l’anonymat propre à la technologie blockchain présente des risques accrus ».
Aussi, seuls les transferts de tokens (jetons numériques) seront autorisés entre personnes identifiées par la banque. « Les institutions supervisées par la FINMA ne sont pas autorisées à recevoir des tokens de clients d’autres institutions ou d’en envoyer à leurs clients, indique ainsi le régulateur. Cette règle s’applique tant que l’information sur l’émetteur et le récepteur ne peut être transmise de façon fiable dans le système de paiement. » Une contrainte qui va imposer de facto des délais à SEBA et Sygnum pour se mettre en conformité.
Singapour en ligne de mire
Fort de l’appui du régulateur suisse, ce dernier s’est cependant déjà mis en route pour conquérir le marché asiatique. Et ce alors que l’ouverture du marché chinois s’accélère, selon Forbes, l’Etat ayant demandé à ses grandes banques nationales d’être prêtes à distribuer dès le 11 novembre sa cryptomonnaie.
Sygnum veut faire ses premiers pas en Asie en entrant par la porte de la gestion d’actifs. La crypto-banque est ainsi en discussion avec les régulateurs de Singapour afin d’obtenir une licence pour traiter des opérations de marchés. « Afin de fournir l’ensemble des services financiers, nous avons besoin d’opérer comme une banque » à Singapour, a déclaré Gerald Goh, l’un des cofondateurs de Sygnum à Bloomberg. Le projet de cryptomonnaie compte aussi là-bas sur ses relais. Sygnum se fait épauler par Kim Leng, un ancien conseiller spécial de l’autorité monétaire de Singapour, qui siège à son comité anti-blanchiment et s’est associé avec Singapour Telecommunications.
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source : lesechos.fr