Rosbank, la filiale russe de la Société Générale, affiche une croissance des revenus de 10 % en 2018. – Kirill Kudyavtsvev/AFP
Rosbank, la banque privée avec laquelle la Société Générale a progressivement fusionné, est aujourd’hui bénéficiaire. Elle court toutefois après son retard dans le digital, secteur en plein boom en Russie.
Chargé de la Russie à la Société Générale, Didier Hauguel ne cache pas son soulagement. « Parmi les neufs projets prioritaires du groupe, c’est aujourd’hui l’un des grands succès, l’une de ses sources de croissance ! », a-t-il confié aux « Echos » mercredi, à Moscou, lors de la présentation des résultats 2018 de Rosbank, la filiale russe du groupe présidé par Frédéric Oudéa.
Loin des tensions liées à la fusion en 2006, les chiffres sont désormais en croissance : les revenus nets ont progressé de près de 10 % par rapport à 2017, à 58 milliards de roubles (790 millions d’euros) et les bénéfices nets de 20 %, à 12 milliards de roubles (160 millions d’euros). La banque de détail (530 millions d’euros) comme le « corporate » (260 millions d’euros) ont enregistré des hausses. Les prêts aux particuliers ont bondi de 23 %.
Selon le rapport annuel, la Russie affiche une contribution positive au résultat net part du groupe de 144 millions d’euros, après 147 millions d’euros en 2017. Elle est le deuxième pays en termes d’emplois, avec 15.436 salariés.
Principale banque privée
La croissance est d’autant plus satisfaisante que, après la récession et la chute du pouvoir d’achat en 2014-2016, l’économie russe a toujours du mal à se relancer et que l’un de ses moteurs, la consommation, reste en panne. Dans la banque de détail, Rosbank s’est imposée comme la principale banque de crédits privée, et quatrième après les établissements publics Sberbank, VTB et Gazprombank. Elle est la seule banque russe faisant partie d’un groupe international à être présente sur tout le territoire.
Mais, avec de nouveaux acteurs numériques très offensifs, les banques traditionnelles ont du mal à se développer. Rosbank n’est pas une exception. A demi-mots, sa direction reconnaît avoir pris avec retard ce tournant face à Tinkoff Bank et aux autres nouveaux venus. « Désormais, c’est notre priorité, pour les particuliers comme pour les entreprises, notamment les PME, insiste Didier Hauguel. D’autant plus que, dans le monde, la Russie s’est imposée comme l’un des leaders des nouveaux services bancaires sur Internet. »
Son défi : réussir le tournant numérique
En 2019, comme en 2018, la Société Générale prévoit ainsi d’investir plus de 30 millions d’euros en Russie dans le développement de ses offres digitales. A l’occasion de la publication de ses résultats annuels, Rosbank a dévoilé son nouveau site Web. Parmi ses quelque 2,5 millions de clients actifs dans la banque de détail, elle compte déjà un million d’utilisateurs réguliers en ligne.
La part des clients utilisant les services en ligne doit passer de 40 à 70 %. L’été dernier, Rosbank a notamment lancé des « cash loans » sur Internet disponibles en moins de 15 minutes. Une offre qui, initialement limitée aux clients ayant déjà domicilié leur salaire à dans la banque, doit désormais s’étendre à tous.
Source : lesechos.fr