Les obligations entrent dans une nouvelle ère. Les politiques accommodantes des banques centrales paraissent devoir conserver leur cap et leur impact pour de longs mois, même si la Fed a refermé le robinet du Quantitative easing. Le mouvement de désintermédiation, qui s’amplifie, dope les émissions de titres, tout particulièrement les euro PP ou les obligations à hauts rendements (high yield), passés de 29 milliards d’euros à 60 milliards d’euros entre 2011 et 2013. Dans l’ensemble, les émissions investment grades, le plus souvent à taux fixes, ont progressé de 102 milliards à 210 milliards d’euros sur la même période. La hausse est notamment alimentée par les « corporate » qui rattrapent leur retard sur les financières. Le poids des marchés dans le financement des grands « coporate » serait passé de 20% à plus 40% en dix ans en Europe. Sur le compartiment de l’investment grade, les rangs se sont agrandis de nouveaux émetteurs venus des secteurs de l’immobilier, des services, des utilities.
De leur côté les entreprises moins bien notées ou plus petites (ETI, PME), dont l’accès au crédit reste problématique, cherchent à diversifier leurs sources de financement grâce aux marchés. Le nombre des émetteurs européens non financiers est passé de 75 en 2001 à plus de 200 début 2014. Dans un contexte de taux attractifs les émetteurs sont de plus en plus tentés de jouer la carte de l’émission obligataire. Emetteurs chevronnés ou primo-émetteurs développent des stratégies d’émission en jouant sur les maturités, les devises, la nature des titres (dettes hybrides, subordonnées, convertibles…).
Pour les gérants, cette diversification élargit le choix des investissements possibles selon une approche sectorielle, fondée sur la qualité du crédit et bien sûr sur le rendement. Dans un contexte de taux bas et de resserrement des spreads, les investisseurs en obligations corporate ont privilégié les investissements à maturité courte et en high yield bonds. Si les positions demeurent acheteuses sur les actions, elles conduisent aussi les investisseurs à les couvrir via les obligations, éloignant les craintes de la « grande rotation » qui agitait les esprits en 2013 et ne se sont concrétisées qu’aux Etats Unis. D’après les données de l’Institut de la finance internationale, les marchés actions des pays développés ont enregistré d’importantes entrées nettes de capitaux, mais les obligations de ces pays ont également connues des entrées nettes, à la différence de ce qui s’était passé en mai et décembre 2013.