Au cœur du dispositif pour décider d’une mise en faillite ou d’un plan d’aide des banques en difficulté : la Deposit Insurance Agency.

Au gré de l’aggravation de la crise bancaire russe , la pression monte au sein de la Deposit Insurance Agency. Et pour cause : créé en 2004, cet organisme public situé dans le centre de Moscou est chargé de s’occuper des banques sous tutelle ou en faillite, et d’assurer la suite des contrats de leurs clients dépositaires. La DIA vient ainsi en quelques semaines de récupérer dans son giron FundServiceBank, Tavritcheski Bank et Soudostroïtelny Bank. Elle doit désormais étudier en détail leur situation financière et décider de leur sort : administration provisoire avant une mise en faillite ou un plan de sauvetage sur fonds publics.

Parmi les quelque 800 banques russes, FundServiceBank était l’une des plus « glamour ». Listée 75e au classement par actifs, elle s’était spécialisée dans le financement des entreprises de haute technologie et, pour assurer sa publicité, avait embauché parmi ses cadres exécutifs Anna Chapman, l’ex-espionne devenue top model. Mais, à son tour, FundServiceBank vient d’être sanctionnée par la banque centrale, mise sous tutelle tout comme Tavritcheski Bank (110e) il y a deux semaines et alors qu’un autre établissement, Soudostroïtelny Bank (85e), a été déjà purement et simplement mis en faillite.

Un quart des banques au bord de l’asphyxie

Frappées par la récession et la forte hausse des taux, d’autres banques de taille moyenne devraient subir le même sort. Ce sont les premières victimes des méfaits des retraits massifs au plus fort de la chute du rouble mi-décembre et de la forte dégradation de la qualité des créances. Les autorités ont certes prévu un plan de recapitalisation de plus de 13 milliards d’euros. Mais il cible avant tout les principales banques, pas les établissements qui, habitués ces dernières années à un riche train de vie, à de fortes croissances des activités de crédit et à des marges très généreuses, paient aujourd’hui leur mauvais management et leurs insuffisances en fonds propres. Un quart des banques auraient besoin de nouveaux financements pour survivre – un total évalué à quelque 18 milliards d’euros. Mais peu d’entre elles obtiendront une aide de l’Etat et, à la place, finiront dans l’orbite de la… Deposit Insurance Agency .

Les analystes les plus sévères assurent que cette crise devrait permettre un « ménage » nécessaire du secteur et faire passer le nombre de banques de plus de 800 à quelque 200 établissements. Une première banque de taille moyenne a déjà été sauvée : Trust Bank, qui, 22e au classement par actifs, a reçu en décembre 1,8 milliard d’euros d’aide pour la sauver de la faillite. Une aide sous forme de prêts publics accordés par la banque centrale, mais gérés par l’intermédiaire de la DIA.

Sberbank décline toute aide

C’est par cette dernière aussi que passent les 13 milliards d’euros de recapitalisation du secteur censés permettre aux principales banques de continuer à financer l’activité économique malgré la récession. Le leader du secteur, le géant Sberbank, a décliné toute aide mais les autres grands établissements publics, visés par ailleurs par les sanctions occidentales, en bénéficieront, notamment VTB, Gazprombank et la banque agricole Rosselkhozbank. Les établissements privés Alfa-Bank et Otkrytiyé sont aussi sur la liste. En contrepartie, tous s’engagent à augmenter au minimum de 1 % par mois leurs prêts aux « secteurs prioritaires ». Des règles que devra faire respecter la DIA.