Le géant américain veut conquérir le marché européen des ETI avec une nouvelle équipe dédiée.
JP Morgan met le cap sur les entreprises de taille intermédiaire (ETI) européennes. Le géant américain, plus connu pour accompagner les méga-deals comme l’acquisition du laboratoire britannique Shire par le japonais Takeda Pharmaceutical pour 62 milliards de dollars, vient d’annoncer la création d’une équipe dédiée, qui sera basée à Paris.
« L’idée est de couvrir des sociétés en forte croissance, en général leader dans leur secteur et exportatrices », déclare Bertrand Cousin, nouveau directeur de Corporate Client Banking & Specialized Industries (CCBSI) en Europe. Typiquement, des sociétés pesant de 500 millions à 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
En France, on pourrait par exemple retrouver le constructeur de bateaux Bénéteau ou le spécialiste des légumes en conserve Bonduelle. Mais le plus gros vivier de clients européens se trouve sans doute en Allemagne, avec les champions cachés du « Mittelstand » comme le fabricant de machines-outils Trumpf.
Base à Paris
La banque présidée par Jamie Dimon a toutefois choisi Paris pour installer cette nouvelle structure, qui est aussi appelée à être créée en Asie. La qualité des infrastructures et la proximité avec Londres sur fond de Brexit ont joué un rôle, tout comme les racines de la banque américaine, présente Place Vendôme depuis 150 ans.
Signe de ses ambitions, JP Morgan a recruté des gros calibres de la finance européenne pour diriger les six pays visés : Claude Craciun, ex-senior relationship manager chez Société Générale pour la France, ou Bernhard Brinker, ex-membre du directoire de la banque privéed’UniCredit AG pour l’Allemagne.
Il s’agit d’abord de coordonner une offre existante. « On crée une activité de franchise en mettant à la disposition d’un nouveau segment de clientèle la plate-forme de JP Morgan, avec sa banque d’investissement en Europe, sa banque privée et sa banque transactionnelle », explique Bertrand Cousin.
Concurrence forte
Le géant de Wall Street veut profiter de son poids aux Etats-Unis pour séduire en priorité des entreprises réalisant plus de 20 % de leur chiffre d’affaires outre-Atlantique. Il réalise 20 % du clearing en dollars dans le monde, rappelle Bertrand Cousin, qui a travaillé chez Crédit Lyonnais et Calyon avant de rejoindre JP Morgan il y a dix ans.
JP Morgan, qui affichait une part de marché de 8,5 % dans la banque d’investissement en Europe, selon Dealogic, ne communique pas d’objectifs. Elle ne prétend pas remplacer les « banques maison » de ses clients européens mais les compléter, par exemple dans certaines activités comme les paiements.
La banque américaine risque toutefois de se heurter à la concurrence d’acteurs locaux décidés eux aussi à profiter d’un marché certes peu visible mais croissant. En Allemagne, BNP Paribas poursuit la même stratégie et réussit de plus en plus à s’imposer auprès de sociétés du « Mittelstand ».
Source: LesEchos.fr