Anshu Jain et Jürgen Fitschen, le duo à la tête de la première banque allemande depuis 2012, a remis sa démission ce dimanche. Nommé vice-président du directoire, John Cryan, ancien directeur financier d’UBS, deviendra PDG en mai 2016.
Anticipé ces dernières semaines, le départ du duo à la tête du directoire de Deutsche Bank depuis 2012 s’est confirmé ce dimanche. Les deux dirigeants « ont décidé de démissionner de leurs fonctions », a fait savoir la première banque allemande dans un communiqué. Dans la foulée, le conseil de surveillance a désigné le britannique John Cryan, cinquante-quatre ans, ancien directeur financier de la banque suisse UBS, pour prendre prochainement la relève à la tête de Deutsche Bank.
Tout est fait pour que le changement de gouvernance se passe sans précipitation. Certes, le duo en place ne va pas le rester longtemps : l’Indo-Britannique Anshu Jain tirera sa révérence fin juin, puis restera conseiller de la banque jusqu’à janvier 2016. Mais l’Allemand Jürgen Fitschen restera quant à lui aux manettes jusqu’au 19 mai 2016, date de la prochaine assemblée générale de la banque. A partir du 1er juillet prochain, il partagera la présidence avec John Cryan, a décidé le conseil de surveillance extraordinaire de la banque. En d’autres termes, se retrouvera seul aux commandes de Deutsche Bank d’ici moins d’un an un banquier non issu d’un pays germanophone. Une première dans l’histoire de la banque.
John Cryan et Deutsche Bank ont certes déjà fait un bout de chemin ensemble. Après avoir quitté UBS en 2011, le britannique avait rejoint le conseil de surveillance de la banque en 2013. Il y préside aujourd’hui le comité d’audit et participe à son comité des risques. « John est non seulement un banquier aguerri avec une vaste expérience des affaires financières, mais il a aussi fait siennes les valeurs professionnelles et personnelles requises pour faire avancer Deutsche Bank et son plan stratégique à l’horizon 2020 », a notamment fait valoir Paul Achleitner, premier censeur de la banque, dans un communiqué. Depuis qu’il a quitté, en fin d’année dernière, le fonds Temasek – l’un des deux fonds souverains singapouriens –, John Cryan était souvent pressenti pour remplacer Anshu Jain, fragilisé par une litanie d’affaires judiciaires, dont la manipulation du taux de référence Libor qui implique aussi d’autres banques.
Pluie de critiques
Outre ces nombreux scandales occasionnant de lourdes amendes, la banque a fait ces derniers temps un piètre parcours en Bourse, faute de délivrer les résultats attendus et de donner une perspective crédible aux investisseurs. Cela lui a valu une pluie de critiques en provenance des actionnaires. Les petits comme les plus gros étaient de moins en moins nombreux à placer leur confiance dans l’actuel duo de dirigeants. A part un fonds du Qatar, l’investisseur BlackRock et la filiale de gestion d’actifs, actionnaire de la banque, bien peu leur ont accordé leur vote de confiance en mai lors de l’assemblée générale de la banque.
L’homme qui va prendre les commandes d’ici un an a soutenu, avec l’ensemble du conseil de surveillance, la nouvelle stratégie de la banque présentée par le duo sortant. Il ne faut donc guère attendre de John Cryan de grands chamboulements.
Cette stratégie, en cours d’être précisée, comporte à elle seule de nombreux défis. La banque de détail de Deutsche Bank va fondre en taille suite à la cession de Postbank et à la fermeture de près d’une agence sur trois en Allemagne. Tandis que la banque d’investissement va voir ses contours rognés. La première réaction à attendre ce lundi sera celle de la Bourse. Après le plongeon du titre ces dernières semaines, un net rebond n’aurait rien d’étonnant.