Quelque 400 financiers de la banque britannique sont attendus en Europe continentale, dont une soixantaine dans la capitale française. Grâce à un mécanisme britannique, elle a déjà garanti à ses clients une continuité de leurs contrats.
Tout un symbole. Alors que le moindre signal d’un Britannique vers le continent européen suscite l’émoi outre-Manche à cinq semaines du Brexit, Barclays est parvenu à achever son plan de redéploiement en Europe, loin des interférences politiques . La banque présidée par Jes Staley est même, aujourd’hui, en mesure d’en faire un avantage sur ses concurrentes.
Premiers agréments
En octobre 2018, elle est devenue l’une des toutes premières « Brexit banks » à avoir obtenu tous les accords de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque centrale d’Irlande pour pouvoir continuer d’exercer ses activités dans l’Union européenne (UE) après la rupture entre Londres et Bruxelles.
Entre Dublin, son quartier général européen post-Brexit, Paris, Francfort, Hambourg, Milan, Amsterdam, Stockholm et Luxembourg, ce sont quelque 400 personnes qui rejoindront la nouvelle UE à 27, en plus des 1.300 actuels, sous enseigne Barclays. La banque, qui présente ses résultats annuels ce jeudi, compte 80.000 employés dans le monde.
Alors qu’ HSBC a dû revoir à la baisse ses plans de transferts à Paris, une soixante de banquiers de Barclays issus des activités de marchés et de la banque d’affaires viendra grossir les rangs français. C’est 30 % de plus que le nombre de salariés actuels à Paris, et légèrement plus que ce qui est prévu en Allemagne.
A cette occasion, le patron de la France, Raoul Salomon, a fait son entrée au comité exécutif de la nouvelle banque pivot en Irlande, en qualité de co-responsable des activités de marché avec son homologue allemand en Europe. « Nous sommes quasiment prêts pour le 29 mars », se félicite le dirigeant français.
Plusieurs milliers de contrats transférés en Europe
Surtout, si les grandes firmes américaines ont dû renégocier tous leurs contrats avec les clients européens, Barclays a profité d’une disposition britannique qui lui permet de s’en extraire. « Nous avons déjà garanti la continuité des contrats de nos clients européens, même en cas de ‘hard Brexit’ », explique aux « Echos » Raoul Salomon.
La disposition anglaise, appelée « PART VII » permet à une institution financière britannique, sur autorisation d’un tribunal, de répliquer les termes d’un ensemble de contrats. Les banques britanniques profitent là d’une facilité déjà utilisée pour séparer leurs activités de banque de détail de celles de marchés.
De fortes ambitions en France
Après Thibéry Gleizes, une référence du financement des fonds chez Cacib, Barclays veut prendre en France la part de marché qu’elle a gagné aux Etats-Unis auprès des grands noms du « private equity ».
Barclays a de grandes ambitions en France, notamment en M&A. Si Covéa, que Barclays conseillait, a dû renoncer à son opération sur SCOR, la banque britannique a accumulé les gros mandats en fin d’année : le rachat d’Antelliq par Merck, l’entrée au capital d’investisseurs dans la fibre de Patrick Drahi ou encore le rachat de Gatewick par Vinci.
Le 21 janvier, le juge anglais a ainsi donné son feu vert au transfert de plusieurs milliers de contrats entre Londres et Dublin. Tous les anciens clients de Barclays Bank Plc en Europe sont devenus en un jour clients de Barclays Bank Ireland.
De même, depuis le 1er décembre, les banquiers européens salariés du groupe britannique deviennent par vague des employés irlandais. Après les Allemands, les Suédois et les Espagnols, ce sera le tour des Français le 1er mars.
Source : lesechos.fr