Bonus : les gagnants et les perdants dans les banques françaises
Après deux années frugales pour l’ensemble de la place, les banques d’investissement françaises font du cas par cas. Le poids lourd du marché, BNP Paribas, oriente ses bonus à la hausse.
A la saison des bonus qui s’ouvre à Paris, il y aura les heureux élus. Et les autres. Après deux années plutôt sombres pour l’ensemble de la place de Paris, les banquiers ne seront pas tous logés à la même enseigne en 2020, au vu des premières tendances qui se dessinent.
Au sein de la première banque d’investissement française, BNP Paribas, l’heure est à la satisfaction. « Les bonus sont bien orientés », indiquent plusieurs sources qui évoquent une progression de l’ordre de 3 à 4 %. Le groupe, qui s’est séparé de quelques banquiers vedettes dans le conseil en fusions-acquisitions et qui mobilise ses troupes à marche forcée pour reconquérir des parts de marchés, mise sur la génération montante. « Individuellement, les juniors se voient attribuer de plus grosses progressions, car ils montent en grade », dit-on en interne. Mais les « banquiers de ‘coverage’ [chargés des relations de la banque avec de grands clients stratégiques, NDLR], plutôt seniors, sont aussi gratifiés ». La banque a publié de bons résultats sur les neuf premiers mois 2019 (hausse de 5 % du bénéfice avant impôts et progression dans tous les métiers). Dans les activités de taux, les revenus ont même progressé de 24 % sur la période.
Chez Société Générale , c’est une autre histoire. Le groupe dirigé par Frédéric Oudéa est engagé dans un plan de réduction d’effectifs et envisage de laisser ses bonus « inchangés ou en très légère baisse de 1 à 2 % », dit-on également en interne. Ce qui s’avère être plutôt une bonne nouvelle : sur neuf mois, les revenus de la banque d’investissement ont reculé de 4,2 % et le résultat net de 34,5 %.
« Rien de mathématiques »
« Ce sera néanmoins très différencié par métier », précise t-on néanmoins. « Dans les métiers obligataires, l’année à été excellente, et les rémunérations variables doivent croître de 10 %. » En fusions-acquisitions en revanche, l’enveloppe devrait reculer de 5 à 10 %, avec des arbitrages par pays. En France, les revenus ont été plutôt bons par rapport à Londres. Dans les métiers actions, les bonus seront équivalents à l’an passé, disent ces sources.
Même approche chez Crédit Agricole , dont les revenus en banque d’investissement sont restés quasi stables sur neuf mois (revenus en hausse de 2,4 % et résultat de 1 %). « Comme chaque année, on nous dit qu’il faut appliquer une très grande discipline financière, remarque avec lassitude un banquier. Et que l’on vient de passer un bon exercice, mais qu’il n’y a rien de mathématique… » La distribution sera très dépendante des résultats de chaque activité, réagit-on en interne. Néanmoins, même les jeunes poussés par la banque devraient se contenter de bonus stables.
Chez Natixis , en revanche, « ce n’est pas la fête, on s’attend à de sérieuses coupes », témoigne-t-on au sein du groupe. Les revenus en banque de grande clientèle ont chuté de 9 % et le résultat avant impôt de 34 % sur les neuf premiers mois. « Au global, les variables risquent de reculer jusqu’à 15 à 20 % en moyenne dans certains métiers. Tout le monde va participer à l’effort », souligne-t-on en interne. Cependant les arbitrages ne seraient pas complètement finalisés. Interrogées sur ces tendances, aucune des banques n’a souhaité faire de commentaire.
Malgré ce relatif contrôle des rémunérations, les banques françaises se considèrent plutôt à l’abri d’une fuite de talents. En raison du Brexit, « les banques anglo-saxonnes sont encore dans l’expectative et si elles regardent Paris, c’est surtout pour gérer leurs transferts », commente un responsable d’une banque d’investissement.
Anne Drif
Source : lesechos.fr