Monique Vialatou, CEO de BNP Paribas (Suisse), fait partie du Groupe BNP Paribas depuis plus de 30 ans. Elle a été responsable pays du groupe en Thaïlande et au Canada avant de prendre ses fonctions de directrice générale de l’établissement suisse en juillet 2018. Interview.
Monique Vialatou: La banque en Suisse continue son développement dans ses deux grands métiers que sont le Wealth Management (gestion de fortune pour la clientèle privée qui représente 60% du chiffre d’affaires) et le Corporate and Institutional Banking – CIB – (solutions financières pour les entreprises et institutionnels, 40% du chiffre d’affaires). Notre business model a cependant beaucoup évolué ces dernières années. Nous avons aujourd’hui une politique volontariste notamment dans la sélection de nos investissements et de nos clients qui doivent respecter certains engagements au niveau social et énergétique.
Nous comptons actuellement 1400 collaborateurs en Suisse dont 1100 à Genève, un chiffre en baisse graduelle depuis dix ans. Idem pour nos actifs sous gestion dans la banque privée en Suisse qui ont diminué d’un tiers pour atteindre 25 milliards aujourd’hui (360 milliards au niveau du groupe). Outre les différents événements liés à l’environnement économique global ou à des aspects plus locaux (fin du secret bancaire en Suisse) et la digitalisation de certains services, nous assumons cette baisse qui est liée en partie au fait que nous ayons renoncé à certains revenus dans des secteurs tels que les hydrocarbures ou le tabac. Aujourd’hui, la banque mène une politique ambitieuse de responsabilité sociale et environnementale.
Le groupe BNP Paribas a mis à jour ses objectifs de développement 2020 en tenant compte du contexte économique. En Suisse, nous avons aussi adapté notre plan de développement tout en restant dans une logique de croissance. Pour ce qui est de la banque privée, nous misons beaucoup sur la Suisse alémanique et sur le Moyen-Orient avec une clientèle ultra high net worth qui détient au moins 25 millions de francs dans nos comptes. Quant à l’activité CIB, nous souhaitons développer le secteur des sociétés plus petites que les grandes multinationales, qui ont un avenir très prometteur. C’est ce qu’on appelle les mid-cap, des entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires minimum de 250 millions de francs et qui sont en général exportatrices. Nous leur offrons des services comme le «cash management», nous gérons leurs flux opérationnels et nous les finançons à court ou à plus long terme. Nous souhaitons doubler notre revenu en misant sur des sociétés, comme par exemple Stadler Rail, avec qui nous avons collaboré pour son entrée en bourse le 12 avril.
Dans le cadre de son industrialisation, le groupe met à disposition des plateformes mutualisées en Europe qui nous conduit à y localiser certains emplois. En Suisse, nous continuons à embaucher, notamment outre Sarine où nous souhaitons augmenter notre présence.
Pour la partie développent durable, le groupe s’engage dans quatre domaines qui sont le climat, les jeunes, les entrepreneurs et les écosystèmes locaux. Nous menons des actions volontaristes notamment pour contribuer aux objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous visons une enveloppe de financements de 180 milliards d’euros d’ici 2020 qui contribuent directement aux objectifs de l’ONU. Nous avons par ailleurs été nommée «Meilleure banque au monde pour la finance durable» en juillet 2018 lors de la cérémonie des Euromoney Awards for Excellence. Nous sommes aussi très actifs dans les émissions d’obligations vertes en Suisse et sommes aussi partenaire de la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard qui soutient 1000 solutions innovantes dans la transition énergétique.
Chantal De Senger
Source : bilan.ch