La deuxième capitalisation bancaire de la zone euro enregistre un bénéfice net en hausse de 3,1 % à 2,46 milliards d’euros. Le résultat est notamment porté par une banque de financement et d’investissement, à l’image d’autres établissements européens. Mais le contexte de taux faible reste mordant, et la banque décidée à réduire ses coûts.
BNP Paribas tire son épingle du jeu au second trimestre. Alors que les taux faibles jouent les prolongations en Europe et vont bientôt signer leur « come-back » outre-Atlantique, la deuxième capitalisation bancaire de la zone euro a annoncé mercredi un bénéfice net en hausse de 3,1 % à 2,46 milliards d’euros pour le deuxième trimestre. Les grands moteurs de la banque sont bien au rendez-vous, les activités de banques de détail résistant bien aux vents contraires et les métiers spécialisés (assurance, crédit conso, leasing…) marquant toujours un fort développement.
Les métiers de taux détonnent
Mais les résultats tiennent aussi à une excellente surprise : la bonne tenue de la banque de financement et d’investissement (BFI ou CIB en anglais), pourtant sous très forte pression en début d’année. Ses résultats 2018 avaient alors marqué un repli de 21 % donnant le coup d’envoi à une revue des actifs que la BFI pourrait abandonner, ainsi qu’à 350 millions d’euros d’économies supplémentaires à horizon 2020.
Rien de tel au deuxième trimestre 2019 : les revenus progressent sur un an de 4 % (à 3,1 milliards d’euros) et le résultat avant impôts de 6,2 %. Au sein de CIB, les métiers de taux, change et émissions primaires (FICC) détonnent avec des revenus en hausse de 11,7 %. Dans la journée de mercredi, deux autres banques européennes, en l’occurrence Crédit Suisse et Intesa ont également surpris par la bonne tenue de certains de leurs métiers de marché.
Défendre les revenus
Plus généralement, la banque a dû batailler ferme pour défendre son produit net bancaire (PNB), qui n’augmente que de 0,2 %, à 11,22 milliards d’euros. Il est certes pénalisé par un effet de périmètre défavorable, mais les taux faibles pèsent : pour un même volume de crédit, une banque dégage désormais des revenus bien plus faibles. Ainsi, la division Domestic markets (activités de banque de détail en France, en Belgique et en Italie), ne parvient que d’une courte tête à compenser la chute de ses revenus par des efforts d’économies.
Autre effet négatif des taux faibles : la banque de la rue d’Antin a dû déprécier de 500 millions d’euros dans ses livres sa filiale américaine BancWest . « On a réévalué les perspectives de résultats futurs en étant conservateurs pour ne pas avoir à y revenir plus tard », résume Philippe Bordenave, directeur général délégué de BNP Paribas. Le groupe prend ainsi acte des difficultés qu’il risque de rencontrer outre-Atlantique en raison de la baisse des taux que prépare la Fed. Sur le plan arithmétique, le groupe est parvenu à compenser ces 500 millions par une plus-value de 612 millions d’euros, tirée de la vente de 2,5 % de l’assureur vie indien SBI Life, dont il se désengage progressivement.
La chasse aux coûts se poursuit
Sur le fond, les banques européennes ne cachent pas leur mauvaise humeur face à la persistance de ce climat glacial sur les taux. « L’Europe peut se passer des taux bas, mais pas des banques », pointe Jean-Laurent Bonnafé en marge de la présentation des résultats, appelant à une vision plus industrielle et technologique pour l’économie européenne.
Pour compenser cet environnement durable de taux bas, BNP Paribas poursuit sa chasse aux coûts sur l’ensemble des réseaux de banque de détail. De nouvelles fermetures d’agences sont ainsi à prévoir en Belgique , avec 229 fermetures d’agences BNP Paribas Fortis d’ici 2021. En Italie, un plan de départs anticipés portera une réduction nette d’effectifs de 1.500 équivalents temps plein à horizon 2021. Autre exemple, dans le CIB, la banque a externalisé sa recherche-actions en Asie auprès de Morningstar. D’autres projets du même genre seront annoncés d’ici la fin de l’année.
Edouard Lederer
Source : lesechos.fr