Bilan de santé des banques : la grogne se fait plus forte
Les banques estiment certaines demandes de la BCE « excessives ».
La revue des bilans bancaires mobilise d’importantes ressources.
Les critiques portent tout d’abord sur la quantité et le type de données demandées par la BCE.
La grogne se fait audible. Avant la prise en charge par Francfort de la supervision directe des plus grosses banques européennes, ces dernières coopèrent pleinement au bilan de santé géant de leur secteur voulu par le régulateur. Il s’agit pour elles dans un premier temps de fournir des milliers de données relatives aux prêts qu’elles ont accordés. A présent, une phase de contrôle « sur place » a débuté. Mais certaines modalités pratiques de l’exercice les rendent perplexes. Et elles le font savoir.
Dans un récent courrier, la Fédération bancaire européenne (FBE) demandait à la Banque centrale européenne (BCE) de « simplifier substantiellement » les questionnaires à remplir. Et, selon nos informations, une grande banque française aurait même menacé de ne pas renseigner certaines données.
« Le travail est colossal »
Les critiques portent tout d’abord sur la quantité et le type de données demandées par la BCE. « Sur chaque prêt, on nous demande environ 200 caractéristiques, nous avons mobilisé nos équipes. Les auditeurs de la BCE sont chez nous depuis début février, ils vont regarder un peu plus de 1.000 dossiers ! Le travail est colossal, car, bien souvent, les informations demandées sont éclatées et pas toutes numérisées… », indique un banquier. De plus, pour certains banquiers habitués à plus de discrétion, certaines questions sont perçues comme intrusives.
Pour rapporter ces informations, les établissements doivent mobiliser un effectif important. Une grande banque universelle française l’évalue à une centaine de postes. Pour un autre établissement – plus spécialisé -, l’exercice devrait mobiliser environ 1 % des effectifs. Autre typologie d’établissement, la branche de banque de détail d’une banque régionale doit affecter trois personnes à plein temps pour répondre aux questions.
Le coût de l’opération n’est pas non plus neutre. Il s’élèverait à « plusieurs centaines de millions d’euros en Europe », selon un bon connaisseur du dossier. « Une revue d’actif est toujours coûteuse, mais c’est le prix à payer pour que l’exercice soit mené efficacement », reconnaît un banquier.
Face à ces questions, la BCE reste sur le principe droit dans ses bottes. Aucun assouplissement n’a été officiellement accordé aux banques, qui doivent bien fournir l’ensemble des données demandées. En pratique, il resterait une marge d’appréciation. Un observateur souligne que la liste des informations demandées est précédée d’un conditionnel (« would » pour « les informations seraient »).