Le geant chinois du commerce en ligne Alibaba espère lever jusqu’a 24,3 milliards de dollars lors de son entrée a Wall Street, ce qui constituerait la plus grosse introduction en Bourse de l’histoire.
Dans une mise à jour vendredi de son projet, Alibaba dit vouloir placer 320,1 millions de certificats de dépôt sur le New York Stock Exchange (Nyse), au prix unitaire de 60 à 66 dollars.
En cas de demande importante, jusqu’à 48 millions de titres supplémentaires sont envisagés.
Les recettes atteindraient ainsi entre 19,2 et 24,3 milliards de dollars, dépassant potentiellement le record détenu par un autre groupe chinois, AGBank, qui avait levé 22,1 milliard de dollars en 2010 en entrant sur les Bourses de Hong-Kong et Shanghai, selon le cabinet de recherche Dealogic.
La dernière très grosse entrée à Wall Street d’une valeur internet était celle du réseau social Facebook en 2012 sur la plateforme électronique Nasdaq. Elle avait permis de lever 16 milliards de dollars, mais surtout marqué les esprits à cause de nombreux problèmes techniques.
Par précaution, et comme il l’avait déjà fait pour une autre introduction en Bourse très suivie l’an dernier, celle de Twitter, le Nyse a multiplié les préparatifs et les tests pour limiter les ennuis le jour J.
Alibaba ne confirme pas encore la date de ses premiers pas sur le marché, mais le cabinet d’études PrivCo table sur le 18 septembre.
D’ici là, le groupe va faire sa tournée de présentation aux investisseurs (« road show »), qui lui permettra d’évaluer exactement l’intérêt qu’il suscite et de déterminer le prix précis de ses titres.
Cette tournée démarre lundi et « incluera 100 réunions sur trois différents continents », précise PrivCo.
– Pactole pour Yahoo! –
Les modalités envisagées actuelles octroient à Alibaba une valorisation totale d’entre 147,9 et 162,7 milliards de dollars, soit à peu près autant qu’Amazon (160 milliards à la clôture de vendredi) et plus du double d’eBay (67 milliards).
Alibaba est souvent comparé à un hybride de ces deux sociétés américaines: comme eBay, il a des plateformes servant d’intermédiaire entre des commerçants et des acheteurs, mais ne vend pas ses propres produits; comme Amazon, il se diversifie dans des activités s’éloignant du commerce, avec des acquisitions et participations récentes dans d’autres services en ligne (réseaux sociaux, vidéo, réservations de voyages…), les médias, ou même la poste de Singapour.
Le groupe chinois affiche aussi une croissance bien plus rapide que ses concurrents américains, et une rentabilité beaucoup plus élevée. Ses derniers résultats trimestriels (avril-juin) montraient un chiffre d’affaires en hausse de 46% sur un an à 2,5 milliards de dollars, et un bénéfice net presque triplé à près de 2 milliards, quand Amazon est traditionnellement à peine bénéficiaire, voire carrément dans le rouge.
Alibaba est surtout incontournable en Chine, ce qui pourrait représenter un risque pour les investisseurs car c’est de ce seul pays que proviennent 85% de son chiffre d’affaires. Il a toutefois entrepris de se diversifier à l’international, avec notamment un site de vente en ligne aux Etats-Unis lancé en juin.
Pour apaiser d’éventuelles inquiétudes des investisseurs, Alibaba a aussi transféré récemment les activités financières dont il disposait encore, soumises à des régulations spécifiques en Chine, à une autre société détenue par Jack Ma, et clarifié ses relations avec le service de paiements Alipay, utilisé sur ses sites de vente chinois.
Alibaba émettra lui même environ 40% des titres placés sur le marché, mais une grosse partie de la manne de l’entrée en Bourse reviendra à son grand actionnaire Yahoo!, qui va se délester de plus de 120 millions de titres et ramener sa participation de 22,4% à 16,3% du capital.
Contrairement au groupe internet américain, le premier actionnaire d’Alibaba, le japonais Softbank, n’a pas prévu de vendre de titres lors de l’entrée en Bourse, mais sa part sera automatiquement diluée de 34,1% à 32,4%.
Un autre vendeur notable de titres est le patron fondateur Jack Ma, dont la participation va tomber de 8,8% à 7,8%.