Credit Suisse se dit en bonne voie pour atteindre ses objectifs annuels à l’issue du troisième partiel, qui devrait être l’avant-dernier de son programme de restructuration. Les économies réalisées devraient permettre d’inscrire les coûts d’exploitation sous la barre des 17 milliards de francs en 2018, contre 21,2 milliards en 2015, avant la restructuration, a annoncé la banque jeudi.
La banque a fait face à un troisième trimestre marqué par des «conditions plus exigeantes» et des niveaux d’activité clientèle «plus bas» qu’aux premier et deuxième trimestres, a expliqué le directeur général (CEO) Tidjane Thiam dans un communiqué. Selon lui, le troisième partiel a permis de démontrer «la robustesse» du modèle d’affaires.
Bénéfice de 74%
Le bénéfice net attribuable aux actionnaires a bondi de 74% à 424 millions au troisième trimestre, s’inscrivant, malgré cette forte hausse, sous les prévisions du consensus AWP. Egalement inférieur aux attentes, le bénéfice avant impôt a augmenté de 68% à 671 millions. Ajusté, il a progressé de 38% à 856 millions de francs.
De son côté, le produit d’exploitation s’est replié de 2% à 4,89 milliards, manquant également les prévisions moyennes du marché. Seules les charges d’exploitation ont été meilleures qu’escompté, diminuant de 9% à 4,15 milliards.
L’Asie fait moins bien qu’attendu
Les provisions pour pertes de crédit ont doublé sur un an à 65 millions de francs.La masse sous gestion s’est établie à 1405,3 milliards à la fin du trimestre, en hausse de 4,5% sur un an. Les afflux net de capitaux se sont de leur côté inscrits à 16,6 milliards, contre 15,4 milliards lors du trimestre précédent.
Le ratio de fonds propres durs (CET1) s’est maintenu au-dessus de la barre ciblée des 12,5%, à 12,9%, contre 12,8% lors du trimestre précédent. Dans les trois divisions dédiées à la gestion de fortune, la banque a continué de mettre l’accent sur le développement des sources de revenus les plus stables, à savoir les opérations d’intérêt et les commissions.
Sur le plan du bénéfice avant impôts, la Banque suisse universelle (SUB) et la division Asie-Pacifique (Apac) ont fait moins bien qu’escompté, tandis que les attentes ont été comblées dans la gestion de fortune internationale (IWM).
La contre-performance d’Apac s’explique par une baisse des revenus dans les affaires Markets, en raison de conditions de marché «toujours difficiles», résultant en une baisse de l’activité clientèle et de l’appétit au risque.
Malgré d’importants afflux de fonds
Par contre, la division Apac se distingue sur le plan des afflux de nouveaux capitaux, qui ont atteint 6,4 milliards. Selon Baader Helvea, c’est d’ailleurs le point «le plus positif» à retenir des résultats du trimestre car cela confirme que Credit Suisse a continué de gagner des parts de marché dans cette région.
Les deux divisions de la banque d’affaires ont obtenu des résultats contrastés. Ainsi, Global Market a essuyé une perte avant impôts de 22 millions, contre un bénéfice de 98 millions un an plus tôt. Credit Suisse explique que la base de comparaison était très élevée mais que l’unité devrait générer des rendements plus élevés en 2019.
A l’inverse, Investment Banking & Capital Market (IBCM) a clôturé le troisième trimestre sur un bénéfice avant impôts de 87 millions ( 70,6% sur un an), profitant du dynamisme des activités de fusions et acquisitions.
Perspectives mitigées
Dans ses perspectives, la banque note que l’opinion générale s’est «assombrie» au troisième trimestre et s’attend à ce que la tendance se poursuive au quatrième. Toutefois, la gestion de fortune devrait continuer à bénéficier d’une large croissance portée par la clientèle. L’exercice 2018 se soldera assurément par un résultat positif, a confirmé dans une téléconférence Adam Gishen, responsable des relations investisseurs.
Pour 2019, la banque table sur une poursuite de la progression du bénéfice grâce à la liquidation de la Strategic Resolution Unit et à la baisse des charges de financement et de restructuration.
Dans l’ensemble, les analystes se sont accordés sur le fait que la contre-performance dans la division Global Markets pesait sur les résultats du groupe. Les perspectives pour la suite ont quant à elles été qualifiées de «mitigées».
A la Bourse suisse, les investisseurs ont accueilli plutôt fraîchement les résultats trimestriels. Le titre a terminé en baisse de 2,1% à 12,945 francs dans un SMI en recul de 0,05%.
Source : tdg.ch