La banque américaine, qui a signé un bail de 10.000 mètres carrés dans la capital, se renforce dans les métiers obligataires. Trois cadres dont Sanaz Zaimi, responsable mondial des ventes de taux, changes et matières premières quitteront Londres pour Paris en 2019.
Deux ans après le vote en faveur du Brexit, la cartographie européenne des grandes banques continue d’évoluer . Bank of America a décidé de transférer de Londres à Paris trois cadres dirigeants d’activités de marché l’an prochain.
anaz Zaimi, l’actuelle responsable monde des ventes des taux, changes et matières premières, va ainsi travailler dans la capitale, où elle assumera également la fonction de responsable pays pour la France. Elle sera accompagnée par Vanessa Holtz et Othmane Kabbaj, tous deux promus au niveau européen à l’occasion de leur arrivée à Paris. La première dirigera les activités de trading et le second les ventes pour tout l’obligataire dans l’Union, en plus de leurs fonctions actuelles.
L’arrivée de ces trois financiers aux responsabilités étendues marquent une petite victoire pour Paris. Ce choix a en effet visiblement été ardemment
débattu en interne. Selon l’agence Bloomberg, les dirigeants des métiers de taux de la banque, Sanaz Zaimi et Bernard Mensah, penchaient en effet en faveur de Paris, alors que le responsable des métiers actions, Fabrizio Gallo, pousse lui pour Francfort. Rien ne dit si ce dernier emmènera finalement son équipe en France. Certains étaient en effet favorables à une répartition des effectifs entre les deux places européennes en fonction du propre choix des métiers.
Pour continuer d’exercer sur le continent après la rupture avec Londres, Bank of America a choisi Dublin comme futur siège de ses activités en Europe continentale. Y seront rattachées les autres entités, comme la France. Le géant américain a signé l’an dernier un bail de 10.000 mètres carrés de bureaux dans le 8e arrondissement de Paris , non loin de l’Elysée avec une capacité d’accueil de 1.000 personnes. Dans un premier temps, la banque pourrait sous-louer une partie. Des sources évoquent le transfert de 300 à 400 personnes à Paris, contre 200 auparavant répartis entre Paris et Francfort. Des chiffres que la banque se refuse toujours à confirmer.
Attirer les talents de la City
Les nominations de cadres de Bank of America en France interviennent alors que les grands acteurs économiques s’inquiètent du flou entourant les négociations entre Londres et Bruxelles. La semaine dernière, le groupe aéronautique Airbus a même menacé de quitter le Royaume-Uni faute d’accord.
Depuis la victoire électorale d’Emmanuel Macron, la France ne cache pas son ambition d’attirer les talents de la City. Bercy envisagerait ainsi une baisse des charges pour les impatriés. « L’allégement des charges sur les hauts salaires de la finance est déterminant pour accélérer les transferts de Londres vers la France », affirmait en décembre Arnaud de Bresson, le délégué général de Paris Europlace, à l’occasion de la conférence de l’Association française des marchés financiers et de la « Revue Banque » sur le Brexit.
HSBC mise aussi sur Paris
Au-delà de Bank of America, la banque britannique HSBC a annoncé en janvier qu’elle allait déplacer 1.000 emplois de Londres à Paris pour ses activités de banque d’investissement sur les marchés mondiaux, qui sont spécifiquement couvertes par la législation européenne et seront donc impactées par le Brexit.
Paris veut dérouler le tapis rouge aux grandes banques internationales. Mais c’est Francfort qui tire le mieux son épingle du jeu en Europe pour l’instant. Morgan Stanley, Goldman Sachs, Citi, Nomura, JP Morgan et UBS ont en effet des projets pour y transférer des salariés.