La Banque Martin Maurel et Rothschild & Co. annoncent leur intention de fusionner d’ici à la fin de l’année. Le nouvel ensemble, baptisé « Rothschild Martin Maurel », pèsera 34,3 milliards d’euros d’actifs sous gestion.
Une page va bientôt se tourner dans l’histoire des banques privées en France. L’une des plus anciennes maisons du secteur, Martin Maurel, créée à Marseille en 1825 devrait prochainement fusionner avec Rothschild & Co. (ex-Paris Orléans), le groupe financier relancé par David de Rothschild en 1982. Les deux banques ont informé dimanche en interne leurs équipes de ce projet, qui doit encore recevoir l’approbation des autorités, parmi d’autres étapes à franchir. Si le calendrier se déroule comme prévu, le mariage pourrait être effectif à la fin de l’année. Il marquera la naissance d’une nouvelle enseigne française, simplement baptisée Rothschild Martin Maurel. Les deux établissements s’attacheront ensuite à fusionner leurs activités respectives de banque privée et de gestion d’actifs.
L’opération valorise Martin Maurel à 240 millions d’euros (coupons 2015 attachés), soit peu ou prou le montant de ses fonds propres. Elle sera financée par échange d’actions (1 action Martin Maurel contre 126 actions Rothschild & Co.) pour de 60 à 65 % de la somme, le solde étant versé en numéraire. Le montage correspondra à une augmentation de capital de 8 à 9 % de Rothschild & Co. A cette occasion, Lucie Maurel-Aubert (vice-président et directeur général délégué de la Compagnie Financière Martin Maurel) intégrera également le « concert élargi » qui détient actuellement 49,66 % de l’ex-Paris Orléans.
Deux anciennes dynasties
Ce rapprochement est symboliquement très fort : d’abord parce qu’il marque les liens personnels entre deux vieilles dynasties de la finance française. Les deux entités sont liées par des participations croisées et Lucie Maurel siège déjà au conseil de surveillance et au comité stratégique de Rothschild & Co. Mais l’opération est également parlante sur le plan business. Le nouvel ensemble pèsera 34 milliards d’euros d’actifs sous gestion, bien au-delà de la taille critique habituellement évoquée pour qu’un indépendant puisse peser dans le secteur, soit entre 10 et 20 milliards d’euros d’actifs gérés.
Pour le groupe fondé par David de Rothschild, la fusion marque une escalade dans sa stratégie d’élargissement de son offre : la banque d’affaires a fait son succès, désormais, il accentue aussi ses positions en banque privée. L’histoire est un peu différente pour Martin Maurel. La petite banque du parc Monceau – quartier fétiche des banques privées parisiennes – n’a jamais fait mystère des contraintes liées à ses dimensions, notamment sur le plan réglementaire. qui ne l’ont pas empêché d’afficher de bons résultats annuels. L’exercice 2015 s’est soldé par une activité en hausse de 6,7 %, à 102 millions d’euros, permettant de dégager un résultat net part du groupe de 19,06 millions d’euros. La fusion avec Rothschild lui permet de changer d’échelle.