Le sauvetage, le mois dernier, de quatre banques italiennes – Banca Marche, Banca dell’Etruria e del Lazio, Cassa di Risparmio di Chieti et Cassa di Risparmio di Ferrara – a pénalisé de nombreux petits épargnants. Le gouvernement a décidé de débloquer 100 millions d’euros pour les indemniser en partie.

Après un fonds de résolution pour sauver quatre banques au bord de la faillite, le gouvernement italien lancera un fonds de solidarité pour aider leurs clients ruinés. Un décret adopté en toute urgence le mois dernier lançait un plan de renflouement de 3,6 milliards d’euros évitant ainsi le premier « bail In » prévu par les nouvelles normes européennes. Il s’agissait ainsi de couvrir les frais de ce sauvetage in extremis par les trois principaux instituts bancaires du pays finançant le Fonds de résolution national, mais surtout quelques 130.000 actionnaires et environ 10.500 porteurs d’obligations subordonnées détenant 340 millions des 768 millions d’euros émis par les quatre banques.

Leur sacrifice était nécessaire pour éviter la faillite, assure le Trésor italien. Il aurait ainsi permis de préserver les 12 milliards d’euros de dépôts et les obligations non subordonnées d’un million de clients des banques. L’opération de sauvetage aurait également mis à l’abri 7.000 emplois, 200.000 petites et moyennes entreprises qui avaient contracté des prêts ainsi que 25 milliards d’euros de financements à des privés. Des chiffres qui ne calment pas la colère des victimes les plus modestes du plan de renflouement qui ont perdu les économies de toute une vie. Le suicide d’un retraité apprenant qu’il était ruiné, a exacerbé la tension liée à cette affaire.

Un fonds de solidarité doté de 100 millions d’euros

Pour secourir les petits épargnants lésés, le ministre de l’économie, Piercarlo Padoan, avait même invoqué la nécessité d’une « aide humanitaire ». Elle prendra la forme d’un fonds de solidarité doté de 100 millions d’euros pour couvrir environ 30 % de leur perte. Les requêtes seront étudiées au cas par cas par un arbitre indépendant pour déterminer qui, d’un de point de vue social et économique, est le plus en droit d’y recourir. Une solution similaire à celle adoptée par l’Espagne lorsqu’elle avait dû sauver ses banques en 2013. L’Europe salue l’initiative mais met en garde contre l’utilisation de toute aide d’Etat. Ce fonds de solidarité sera donc entièrement alimenté par celui interbancaire de garantie des dépôts italiens (FITD), pour éviter de raviver la polémique entre Rome et Bruxelles.

La Commission Européenne et le gouvernement italien se rejettent la responsabilité de ce qui s’est passé. Jonathan Hill, commissaire européen à la Stabilité financière, accuse même les banques italiennes d’avoir vendu des produits financiers inadaptés à des personnes qui ne savaient pas ce qu’elles achetaient. « On ne peut pas l’exclure », a reconnu le ministre italien de l’Economie lors d’une audition devant le Parlement italien. Face aux violentes critiques de l’opposition et à la grogne qui monte à six mois des élections municipales, Matteo Renzi a accepté la mise en place d’une commission d’enquêtes parlementaire. Elle visera aussi Bankitalia accusée de sérieuses lacunes dans sa mission de vigilance. Le président du conseil a promis au plus vite une autre réforme du secteur bancaire après celles sur les banques populaires et le crédit coopératif. Reste en effet à s’attaquer au conflit d’intérêt qui voit les banques, principales conseillères des épargnants, leur vendre leurs propres produits financiers sans se soucier de leur compétence en la matière.

Olivier Tosseri